Dimanche 17 avril, nous nous levons dans une ville où le ciel est d'un superbe bleu immaculé. Depuis notre hôtel situé à 100 mètres de la mer, nous sommes témoins  des ballets  de ferries qui font la navette entre Corse et Continent. On profite également du marché dominical pour faire quelques emplettes  essentiellement orientées sur les spécialistes culinaires Corses.
 

 


      Entre la pose café sur la grande place de Bastia, et le déjeuner du midi pris dans un restaurant situé au vieux port, où l'on nous a servi du poulpe entier, cette matinée est passée à vitesse grand V. Peu avant quinze heures, on prend la navette qui nous ramène à l'aéroport de Bastia Poretta.

    Arrivés au terminal, direction l'entrée du bureau Aviation Générale. Après le passage en douane et au contrôle des bagages, passage à l'aéroclub local pour la visite habituelle de courtoisie. Météo confirmée sur AeroWeb, cette fois ci, je dépose mon plan de vol par téléphone. C'est réglé en deux minutes, et notre PA 28 est prévu au départ à 16 heures locales. Une grosse demi heure pour finir de préparer la machine. Histoire de découvrir le nord de l'île, puisque la prochaine fois sera la découverte du sud, j'ai déposé un plan de vol avec un transit Novembre Unité de Bastia. Cerise sur le gâteau, nous allons survolé la ville où nous avons passé  ces vingt quatre dernières heures, pour remonter à l'extrême nord de la Corse.

     Premier contact avec Bastia Sol, nous sommes autorisés au roulage pour le point d'arrêt piste 34. Le Cessna 182 est prévu au départ un quart d'heure derrière nous. J'entame le roulage avec mon Christian installé comme à l'aller à l'arrière. Quatre corses assis sur des fauteuils de jardin, à la limite du hangar et du parking, mi ombre, mi soleil, nous regardent passer devant eux ... je vois à leurs regards qu'ils sont surpris par le spectacle d'un PA 28 où un pilote assis en place gauche et un unique passager assis à l'arrière. J'imagine la discussion qui a du suivre notre passage au roulage : un VIP à bord, ou tout simplement deux cinglés des airs !!!

     Le roulage se poursuit devant le terminal et je me rends compte à ce moment précis que la contrôle nous fait passer devant un Airbus d'Air France en cours de repoussage. Au point d'arrêt, j'effectue les opérations habituelles. Je prends mon temps car le Liner est encore au push. Une fois notre machine prête à décoller, j'entends à radio la clearance de roulage de l'appareil de chez Air France. Effectivement, le monstre arrive sur nous ... je m'annonce à la radio prêt à décoller. J'ai anticipé quelques actions comme le transpondeur (en principe sur Mike Sierra, il passe seul en mode ALT quand la vitesse atteint quelque chose comme 45 kt).

    Encore au point d'arrêt, nous sommes déjà autorisés décollage piste 34, et il nous est demandé de virer à l'ouest des axes car l'appareil va décoller juste derrière nous. On doit maintenir 1000 ft sol. Quelle chance, on va pouvoir transiter Bastia encore assez bas.

    Je reprends donc le roulage, m'aligne sur le piste, le PFD gérant seul le conservateur de cap, pas besoin de recaler quoi que se soit. Sans marquer l'arrêt sur la piste, je m'aligne et augmente la puissance moteur. Check décollage, rotation et c'est parti pour une nouvelle traversée. Le vent est faible, et les turbulences inexistantes, et nous voilà rapidement à 1000 ft sol, après avoir obliqué à gauche après les axes. Je vole à l'ouest comme demandé, entre relief et lagune. A la radio, Air France s'aligne déjà et décolle dans la foulée.

   Le comique de la classe D : l'information de trafic quand la tour annonce "Air France Machin, information de trafic, un PA 28 dans vos onze heures, 1000 ft stable" , et la réponse, "Trafic en vue, Air France machin". La tour nous appelle à notre tour nous demandant de la rappeler une fois la trafic en vue, ce qui ne traine pas. Tout à coup dans notre travers droit, telle une fusée blanche, le Airbus Air France s'annonce déjà à 2000 ft et disparait au dessus de nous.

    Désormais l'espace aérien libéré, je reprends un cap vers le littoral pour éviter une verticale de la ville de Bastia. On laisse la ville sur notre gauche, et on redécouvre les lieux visités la veille au soir, vu du ciel. C'est excellent de pouvoir transiter à cette altitude. D'ailleurs depuis peu, j'ai entamé ma montée au FL 065.

    On dépasse la ville de Bastia et faisons route vers le nord de l'île. Novembre Unité, je passe avec le SIV de Bastia qui me laisse poursuivre notre tourisme aérien et me dit juste de les rappeler une fois qu'on souhaite entamer la traversée maritime. C'est ROYAL !!!


Coté Ouest du cap Corse

      Désormais nous sommes à l'extrémité nord de l'île de Beauté, prise de cap vers MERLU. On doit juste rappeler à GURPA, point de sortie des zones du SIV. Un petite heure de traversée qui s'annonce. Une brume de mer assez dense devant nous occulte pas mal l'horizon. Il est vrai que les deux GNS et le pilote automatique nous aident pas mal. Avec Christian, on s'amuse à calculer les portées théoriques des VOR,  élabore des scénarios si l'Avidyne venait à tomber en panne, en jouant entre QDM à la radio, ou tout banalement au cap compas pour éviter de s'azimuter ...entre ces interludes, je check régulièrement notre machine, et avec l'Echo Bravo (le C182 parti derrière nous), ce sont des informations passées sur COM 2 en 123.45 Mhz.

      Avec NICE, je demande à la verticale MERLU, un passage STP où je sais qu'une directe sur LFMV nous fait éviter la ZIT de Cadarache. Après une cinquantaine de minutes de traversée, le golfe de Saint-Tropez en vue, nous ne sommes plus qu'à quelques encablures du VOR.


Cap St Tropez - Profil d'un visage

    Verticale Saint-Tropez, je demande un radial 299 STP pour me caler sur une directe LFMV. C'est accordé, et c'est parfait pour nous faire gagner du temps sur cette navigation retour. Au dessous de notre position, des villes varoises chères aux touristes ...


Port Grimaud

    Quelques nébulosités commencent à apparaitre du coté du LUC, je demande à libérer le soixante cinq. On passe maintenant sous des Cunimb un peu plus chargés que la veille, certains ont de vilaines teintes noirâtres. Je préviens Echo Bravo sur le COM2, vingt nautiques derrière nous ... leurs passagères sensibles aux turbulences en seront préservées.
 

 

    Les échanges radio entre les deux aéronefs du club vont bon train ; nous avons même le temps de plaisanter entre nous en fréquence sur COM2. Des vols sous cette forme, c'est que du bonheur ... loin des clichés de rigueur que l'on attend de notre activité.
 
    Peu avant Cavaillon, je quitte Marseille Information pour passer avec Avignon Tour qui nous propose une intégration des plus simples : mi-vent arrière piste 17, main gauche. Ça tombe bien puisque nous avions pris un radial direct depuis Saint-Tropez. Quelques minutes plus tard, nous voilà dans le circuit de piste, puis une finale 17 avec un vent d'une dizaine de nœuds du 250°.
 
    Je m'efforce de soigner l'atterrissage pour effectuer un posé de roue souple, pour soulager les hanches de mon passager arrière, tout comme à Bastia la veille. C'est vrai que ces kiss, ça fait bouffer de la piste quand même, mais en Avignon, y'a 1300 mètres pour poser un Piper Archer, ça va le faire.
 
     Maintenant au parking club, j'étouffe le moteur après un vol de 2 heures 25, bloc à bloc, en prenant compte que notre vol a été allongé par le détour par le Cap Corse. Quelle chance nous avons tout de même d'être à deux heures de ce paradis pour pilote en herbe comme moi. Prochaine échéance Corse : le Sud avec Ajaccio .