Nous avons prévu un weekend en Corse à deux machines. Tout d'abord, le Cessna 182 Fox-Echo-Bravo ; à son bord Jean-Marie, Jean-Michel et leurs épouse. Et le PA 28 Archer III Fox-Mike-Sierra avec Christian et moi même. Christian ayant encore quelques vieilles douleurs de hanches nécessitant de se repositionner régulièrement s'installera à l'arrière sur les deux sièges de façon à pouvoir alterner son assise en vol. Du coup, première pour moi que de faire un vol seul en place avant avec un passager en place arrière. Plus tard dans le récit, je décrirai la situation assez inhabituelle de voir un pilote privé seul devant avec un passager arrière, qui pourrait s'apparenter à une EVASAN (évacuation sanitaire) ou un vol avec chauffeur.

 


    Nous voici le samedi 16 avril, peu après neuf heures du matin dans les locaux de l'aéroclub Vauclusien.  J'arrive en même temps que Christian, mon copi arrière du jour, et nous en profitons pour stationner nos voitures dans la parking privé du club, comme on le fait quand on part plusieurs jours.

     Un café plus tard, la météo et NOTAM bien analysés, nous changeons nos plans. Initialement, nous devions partir avec le PA28 avant le C182 (libre qu'à compter de midi et demi), pour faire Ajaccio. Déjeuner sur place et repartir à Figari rejoindre le C182 arrivé entre temps. La météo dans le sud de la Corse n'est pas terrible avec du Broken à 3000 ft, des averses de pluie prévues pour la fin de journée. Plutôt que de se retrouver coincer dimanche, on décide de partir pour le nord de la Corse où la météo est radicalement différente de celle du sud de l'île de Beauté.

    Jean-Michel puis Jean-Marie nous retrouvent à leur tour dans les locaux de l'aéroclub. On se cale sur les horaires. Du coup, je pose le plan de vol sur Olivia, accepté quasiment dans la foulée. Départ prévu à 09h00 UTC, ça nous laisse plus d'une demi heure pour finir de préparer la machine. Le Cessna 182 nous rejoindra sur Bastia, dans l'après midi où Christian et moi déjeunerons à notre arrivée.

     Onze heures, nous sommes installés dans la machine. Moteur en route, je rentre le plan de vol dans le GNS 430 de notre appareil. La route est des plus simples : LFMV - LUC - STP - MERLU - MB/LFKC - NW/LFKB - LFKB

     Vent calme, grand beau sur Avignon, on remonte la piste 35 et nous décollons à 11H15, heure locale. Sortie de la CTR à 1500 ft QNH, par le point Echo puis c'est une directe sur le VOR du LUC en montée au niveau 55. Le temps est beau, l'air est calme, néanmoins le ciel est parsemé de Cunimb de beau temps, qui nous contraignent de slalomer pour les éviter.
 

                      

     Peu avant le LUC, je demande à monter au 075 pour passer carrément au dessus, car plus on avance, moins les nuages disparaissent, contrairement aux données météo prises avant le départ. Avec ce nouveau niveau de vol, on sera au dessus et tranquille pour un bon moment. Surtout que le LUC est en vue, et que Nice Information nous autorise déjà pour une directe sur MERLU sans transiter par STP, le VOR de Saint-Tropez qui est le point d'entrée de l'itinéraire imposé pour effectuer le transit maritime. Les règles de vol se sont pas mal assouplies, et ce n'est pas pour nous déplaire. On va gratter quelques minutes précieuses perdues dans la première partir de ce vol avec ces Cunimb à éviter.

 
Coup d'oeil sur le MFD

      La côte varoise est en vue, et désormais les nuages ont totalement disparu laissant une vue imprenable sur le grand large. Un heure de vol environ se sont écoulés et nous voici désormais au dessus de la méditerranée. Stable au 75, nous faisons route vers MERLU, toujours avec Nice à la radio. Les communications vont bon train, aussi bien en Français, Anglais et même Italien. L'ambiance à bord est détendue comme toujours, et les plaisanteries vont bon train, entre deux checks. L'avertisseur de givrage fait des siennes. Il est vrai que dehors il ne fait pas bien chaud, le ciel comme souvent au dessus de la mer est assez laiteux, ce qui nous permet de penser que l'air est chargé en humidité pouvant amener ces phénomènes de givrage. Un p'tit coup de réchauffe permet d'apprécier le niveau de givrage réel du carburateur.

     Pour se faire, régime constant à 2500 tours , à 9 gal/heures. Un coup de réchauffe trois bonnes minutes, ce qui a pour effet de faire chuter le régime moteur. Au delà de ce laps de temps, si une fois la réchauffe rentrée, le régime moteur dépasse les 2500 tours initiaux, c'est qu'on  avait commencé à givrer, et une fois la glace retirée par la réchauffe, le moteur reprend des tours qu'il avait perdu.  Bref, givrage avéré car la chose se vérifie, ce qui m'emmene à rester vigilent pour la suite du vol.

      Nous sommes à mi-parcours, et je m'annonce à MERLU. Je dois rappeler GURPA, point de transit entre les SIV de Nice et de Bastia. Premier contact avec Bastia, on change de route et c'est NORKA qui sera le point d'appui de notre navigation. Point présent sur les cartes OACI 2010 mais retiré de celles de 2011 au 1/500.000, on compare donc nos deux cartes avec Christian. Pour simplifier les chose en vol, j'effectue un Goto NORKA au GNS, le track s'affiche sur le MFD ...

 
Coup d'oeil sur le MFD

     On passe maintenant le fameux point IFR, et c'est une route directe vers le point Novembre Whisky de la CTR de Bastia. Je suis autorisé à entamer ma descente du FL 075 au FL 055. Les côtes Corses commencent à se dessiner parfaitement, avec sur notre gauche le cap Corse et sur notre droite la côte en direction de Calvi. Le golfe de Saint-Florent est en vue. 

  
Saint-Florent

      Jean-Michel, présent dans le C182, est à la fois pilote et natif de l'île. Ses conseils éclairés pris avant notre vol me permet de savoir que le franchissement du Col de Téghime (point NW) peut s'avérer très agité, par des courants d'air venant des deux côtés de l'ile (Est et ouest), générant même parfois de forts cisaillements de vent. la consigne est simple : passer haut.

      Le franchissement en sécurité se situe à 4000 ft environ, on décide de le passer à 45° à 5500 ft. On est légèrement chahuté quelques secondes, mais notre choix d'être passé plus haut s'est avéré payant.

     Nous voilà désormais dans la CTR de Bastia avec la Tour qui nous autorise une vent arrière main gauche pour la piste 34. Descente rapide, on doit perdre 4500 ft, avec un vario de 1000ft/min, c'est chose faite en fin de vent arrière. Lors de notre circuit de piste, nous entendons à la radio la clearence IFR d'un appareil Air France en partance pour Orly. Intéressant et instructif à la fois d'écouter ces procédures si particulières.

     En base main gauche, un autre appareil léger est autorisé de décoller devant nous, ce qui nous gène en rien dans l'approche finale. Atterrissage piste 34 avec un vent de 010° / 10 kt, c'est finalement une formalité. Je me laisse rouler sur la piste sans trop freiner, car la bretelle de sortie est encore assez loin. Piste dégagée, nous roulons pour le parking Général Aviation. A la radio, une communication plutôt comique entre une "jeune" pilote d'AF qui prend la clearence de travers, et une contrôleuse plutôt patiente. Nous, on en profite pour refaire le plein de 100 LL pour être tranquille ; ce vol se termine par un contrôle de routine de la BGTA de Bastia.

 
 

   On quitte le terminal de Bastia et une course de taxi plus tard, nous voici sur le vieux port de Bastia en train de déguster une ardoise de charcuterie Corse suivie d'une cassole de Lasagne aux filets de petits poissons ...
 
    Fin d'après midi, l'équipage de l'Echo Bravo arrive à son tour sur l'île de Beauté. Toute l'équipe est au complet sur Bastia.

     Les avignonais en balade dans la vieille ville et sur le port ...
 
   
   Équipage de l'Echo Bravo
 
    Un bon restaurant pour passer un bon moment tous ensemble, et un dernier verre à la Rhumerie ....