100ème heure solo en Languedoc-Roussillon
Lundi 16 mai, météo estivale dans le quart Sud Est de la France. Depuis quarante huit heures, c'est du Mistral. Le METAR nous annonce du 350 20G35 sur LFMV. Je prends la météo de Montpellier plus au sud, et la confirmation d'un vent bien local m'est donnée avec un vent de 12 kt sur LFMT. On sait d'ores et déjà qu'on sera tabassé au décollage mais qu'une fois passé Arles, ça ira beaucoup mieux.
Plus au nord, au dessus de Lyon, c'est du Stratus avec du Broken annoncé en milieu d'après midi. On serait tenté d'aller sur Bourg en Bresse, mais vu la météo de curé que nous avons ici, on se décide de rester dans la tempête de ciel bleu. On se tâte aussi pour aller faire un saut en Corse mais la traversée de deux fois une heure ne nous emballe pas trop. Ce matin, Christian et Charly élèves PPL à Avignon et Uzès m'accompagnent, et autant profiter du littoral plutôt qu'une traversée où seule la mer sera visible. Le survol des plages rendra le vol peut intéressant. On retournera sur Ajaccio lors d'un weekend Aéro pour passer la nuitée sur place et couper le vol sur deux jours.
Bon, vu la météo radieuse, on se décide pour un petit vol sur Carcassonne. Grosso modo, c'est une bonne heure de vol et sur place, on ira déjeuner à la cité que Charly n'a jamais visité.
Dossier météo et NOTAM en poche, on termine la préparation de notre machine du jour. Pour éviter la surcharge, on ne fait pas les pleins des réservoirs. Christian nous a préparé un devis de masse et de centrage aux petits oignons. C'est tout bon, il est 10 h 30, et maintenant nous sommes dans le PA 28, prêts à mettre en route.
Le vent ne s'est pas calmé, c'est une vingtaine de noeuds bien axés avec des rafales oscillant entre 30 et 35 kt, qui sont annoncés à l'ATIS. Le décollage va être sportif. Au point d'arrêt Bravo, manche au vent, j'effectue les essais moteur et poursuis les procédures d'avant décollage. On remonte maintenant la piste 35, et le vent dans les fesses me donne du fil à retordre pour tenir la gouverne de profondeur.
Désormais alignés, autorisés à décoller, je mets les gaz. Le badin grimpe rapidement, et avec un cran de volet je majore la vitesse de rotation de 10 kt. Maintenant que l'anémomètre affiche 65 kt, une légère traction sur le manche et le Piper prend un taux de montée important. Je tiens ma vitesse de montée à 70 kt pour éviter le décrochage. L'avertisseur se fait entendre par alternance, mais je conserve ma vitesse. A 300 ft sol, je rentre les trainées, et prends une assiette de montée de 80 kt. Punaise, notre repère habituel au sol, ligne de chemin de fer, met bien du temps à arriver. Pour sûr, notre vitesse sol n'est pas habituelle. Un coup d'oeil au GNS430 et c'est 45 kt qui sont affichés. Le badin lui affiche les 80 kt de rigueur. A 1000 ft, le vent a perdu 10 kt de force et au fur et à mesure que nous montons l'intensité du Mistal faiblit comme il est souvent le cas en Provence. Initialement, j'avais demandé à la clearance une sortie 2000 ft, je me ravise en demandant 3000 ft, histoire de nous soulager des turbulences à bord. Effectivement, nous sortons de la CTR à 3000 ft et c'est désormais en air calme que nous poursuivons notre navigation.
Après Tarascon, la ville d'Arles en vue...
Comme souvent, ces météo très venteuses sont délicates à gérer dans les phases décollage et atterrissage mais une fois atteint une altitude supérieure à 2500 ft, l'air se calme de manière importante. Aujourd'hui, on évitera de voler en radada pour se ménager et surtout apprécier le confort d'un vol en air non turbulent, surtout que le spectacle offert à Charly va le scotcher au fauteuil.
On passe maintenant travers ARLES, et nous filons vers Montpellier. Je demande à Christian assis à ma droite pour cette branche aller, de régler le VOR de façon à nous afficher et tenir une radiale afin de ne pas se laisser embarquer dans une dérive qui oscille entre 15 et 20°.
Avec Rhône Information sur 119.70, nous sommes autorisés à transiter la Camargue pour une directe FJR (Vor de Fréjorgues). On doit juste rappeler avant de couper les axes de Nîmes Garons, ce que je ferais à 30 secondes et une fois les axes dégagées.
On file désormais sur Montpellier. On quitte Rhône Info pour passer avec l'approche de Montpellier. Aigues Mortes sur notre droite, puis la Grande Motte, la verticale terrain de LFMT n'ait plus très loin. Maintenant, c'est avec la Tour de Montpellier que nous sommes. Une fois les axes franchies, on prend un cap vers le point Sierra de la CTR, qui est grosso modo, la ville de Sète ...
Aigues Mortes |
La Grande Motte |
Avant la verticale LFMT |
En route vers Sète |
On passe Palavas les Flots, et la ville de Frontignan est maintenant en vue. Le transit de Sète offre son lot de couleurs habituelles comme il est de rigueur avec une telle météo.
Frontignan |
Les loulous |
Port de Sète |
Sète |
On sort de la CTR de LFMT, et on passe maintenant avec le SIV de Montpellier. Depuis Avignon, c'est la sixième fréquence que nous avons contacté en 30 minutes à peine. Plutôt formateur que de voler dans notre belle région.
Je propose à mes amis de rallonger le parcours en passant par le Cap d'Agde. Les touristes ne sont pas encore arrivés, le village des culs-nus déserté, mais le spectacle du passage de cette station balnéaire me fascine toujours autant, ayant passé de nombreuses vacances lors de mes plus jeunes années.
Cap d'Agde |
Transit côtier exceptionnel aujourd'hui, je suis heureux d'entendre les commentaires de Charly qui reste scotché aux fenêtres de notre Piper. Le rendu des photos est pas mal, mais comparé à la réalité, y'a pas à dire, faut le voir pour le croire.On doit rappeler travers Narbonne pour quitter Montpellier. Entre temps, on passe Valras, Saint-Pierre et Gruissan Plage. Maintenant, nous sommes avec Perpignan approche. On monte 3800 ft pour passer au dessus d'une AZBA encore active. En fait, nous poursuivons le transit jusqu'à Papa Novembre de LFMP, la ville de Port la Nouvelle.
Gruissan |
On passe Papa Novembre, il est temps de quitter la littoral pour tirer droit sur la cité médiévale. On passe les Corbières et nous filons droit sur le point de report de la CTR de LFMK, la ville de Capendu.
ATIS pris, on aura droit à une intégration directe en base main droite sur la piste 28. Atterrissage sur la large piste de Carcassonne et c'est au parking d'Aviation Générale que j'étouffe le moteur après un vol d'une heure vingt cinq, bloc à bloc. Direction le terminal où un taxi nous emmène à la cité. Sur place, nous dégusterons les spécialités culinaires qui font honneur à la région.
Promenade digestive au cœur de la cité, on reprend un taxi vers seize heures trente. Passage à la tour et petite visite aux prévisionnistes locaux, nous regagnons notre appareil. Je termine la prévol tranquillement sous un vent qui finalement ne s'est pas trop calmé. Cette fois, Charly passera en place avant et Christian suivra la navigation en place arrière, entre Cartes et Navi. Je profite de la présence de Charly en place avant pour lui montrer comment intégrer un point de report VFR (celui qui nous servira à sortir de la CTR) dans le GNS 430.
Le cran de volet et le vent local nous permettent d'effectuer une rotation rapide. Montée dans l'axe, puis vent traversier à 500 ft sol, c'est une directe vers le point de sortie. J'en profite pour détailler à Charly le fonctionnement GPS/VLOC du couple GNS430/Avidyne. Je vois qu'il prend plaisir à comprendre et moi de partager, c'est tout ce qu'il faut pour rendre des hommes heureux.
On quitte Carcassonne Tour, et passons quelques minutes plus tard, une fois un morceau de classe G passé, le SIV de Montpellier. La verticale Béziers est approuvée. Nous sommes à 2500 ft QNH, mille pieds au dessus du plafond de la classe D de LFMU, donc nul besoin de les contacter. Je demande alors à Charly de faire un Direct TO LFMU de manière à afficher le track sur le MFD. On reste au pilotage manuel, mais l'affichage du track sera une aide supplémentaire.
Travers ville de Béziers, puis verticale LFMU. On poursuit sur Marseillan, l'étang de Thau mais contrairement à l'aller, nous passerons extérieur de la ville de Sète, coté mer. Je demande le transit de la CTR de Montpellier pour montrer à des amis les points de report de LFMT, forts utiles à connaitre quand ils seront amener à les parcourir avec leurs FI respectifs.
Sierra Whisky - LFMT |
Palavas les Flots |
Carnon |
La Grande Motte |
SW passé, on coupe les axes à 2000 ft ... le transit se termine par le point Golf Mike, échangeur routier au nord de la Grande Motte. Charly aux commandes, je lui propose un détour par Alpha Mike, le point d'Aigues Mortes. Il ne se fait pas prier pour prendre ce nouveau cap.
Passage travers Montpellier Candillargues |
Le salin - Aigues-Mortes |
La navigation se termine par une directe sur Tarascon Beaucaire, puis une longue finale piste 35. Retour sur le parking club, j'étouffe le moteur après un vol d'une heure vingt cinq, identique en durée à celui du matin. A l'issue de cette journée aéronautique, mon compteur d'heure solo a passé le cap symbolique des 100 heures. Avec 101h45 en solo et 46h15 en double commande, je poursuis mon p'tit bonhomme de chemin à la recherche de nouveaux terrains pour parfaire mon expérience de pilotaillon. Que de bons moments passés avec mes amis ! Ça reste le moteur de cette passion qui aurait sans eux une moins bonne saveur.
Pour réussir une journée aéronautique, ma recette est de réunir un groupe d'amis soudés partageant une même passion commune, de voyager dans des contrées inconnues ou presque, de visiter sur place pour profiter des sites découverts en s'enrichissant, et de partager une bonne table en se forgeant des souvenirs de convivialité et de bonne humeur. Jusqu'à présent, la recette a tenu ses promesses et c'est ainsi que je conçois l'aviation de loisir ; loin des vols locaux répétitifs sans but recherché ou passion partagée. Et cette journée passée en Languedoc-Roussillon avait tous ces bons ingrédients.
Les clichés du vol :