Nous avons deux heures trente d'autonomie dans les réservoirs, donc on ne va pas faire un vol qui nous fera passer loin d'une directe. Cependant, je vais faire un crochet au dessus de mes lieux d'enfance. On profite des nombreux pilotes sur le terrain, pour nous donner un coup de main à bouger notre Piper engazonné. Il est vrai que nous sommes encerclés de machines, et certains de leur propriétaires ne sont pas spécialement pressés de quitter les lieux.
Au roulage |
Notre machine prête à la mise en route, l'équipage complet à bord, je démarre le moteur. J'entame le roulage et me positionne sur le taxiway où déjà 8 machines sont devant nous. Pour gagner du temps, les avions remontent deux par deux la piste, le premier s'aligne et le second se positionne sur la raquette. Une fois le premier au passage des quinze mètres, le second s'élance à son tour, et ainsi de suite.
En vent arrière, le terrain de Castelnaudary |
Sortie par le Nord |
Nous sommes désormais au point d'arrêt. J'effectue les essais moteurs, checks terminés, le second avion s'élance déjà. Je m'annonce à l'AFIS, et remonte la piste. Un DR400 m'emboite le pas sur la piste. Alignés piste 29, j'annonce "Mike Sierra, nous décollons piste 29, puis nous reportons verticale terrain pour une sortie vers le Nord".
Virage par la gauche, on coupe l'autoroute, je vire et m'annonce en début de vent arrière pour un report verticale terrain. Désormais verticale de la piste, nous prenons un cap au nord en direction d'un lieu qui m'est à le fois cher et familier. Je passe avec le SIV de Toulouse puis je prends un cap qui n'amène droit sur le terrain de la Montagne Noire. Quand j'étais gamin, l'été, mes grand-parents m'amenaient sur ce terrain pour y voir les évolutions des planeurs et des aéromodélistes. C'est sur ce terrain là, que ma première expérience aéronautique a eu lieu avec mon premier cerf volant.
LFMG - Montagne Noire |
Je vise en premier la ville de REVEL, où je passais une partie de mes vacances étant enfant, puis j'entame le survol des lacs et bassins nombreux ici. Prise de cap vers les différents barrages de la montagne noire. On commence par Saint Ferréol , suivi des Cammazes, et du Lampy.
Au cœur des barrages de la Montagne Noire
Par éolien de la Montagne Noire |
Village médiéval de Minerve |
Peu avant Lézignan, je passe avec le SIV de Montpellier. Problème sur la fréquence, nous entendons les autres appareils appeler comme nous sans réponse de l'ATC, on décide de passer avec Montpellier Approche.
Les arènes de Béziers |
Le temps est radieux, je décide de rallonger un chouïa, et tire sur le Cap d'Agde. Mes deux compagnons de voyage en profitent pour faire une série de clichés.
Stable au niveau 55, nous filons sur Montpellier avec un vent de trois quart gauche qui oscille entre 20 et 25 kt. On passe Sète, et le terrain de Fréjorgues est en vue. Verticale des pistes où le trafic est nombreux aux portes d'embarquement.
En sortie de zone, on quitte l'approche de Montpellier. Je prends l'ATIS d'Avignon et appelle dans la foulée la Tour. Nous sommes travers Tarascon, et je demande au contrôle une intégration directe en longue finale piste 35. Je pense (et à juste titre se sera le cas) que la finale va être agitée et qu'il est préférable de s'établir plus tôt que d'habitude.
J'ai encore 90 kt au badin, je maintiens mes trois blanches au PAPI. Je passe le seuil décalé, l'avion réagit de plus en plus mollement, alors que j'ai maintenant mes 85 kt. Je passe le seuil. Aux plots IFR, je pose l'appareil en remettant un léger filer de gaz mais pas assez semble t-il car même en tirant le manche à fond, le nez de l'avion ne se lève pas suffisamment sur le bout de la piste.
Le toucher est souple, mais assorti de deux ou trois petits rebonds qui entachent un atterrissage presque parfait vu les conditions dans lesquelles je me suis exprimé. Comme nous en discuterons ensemble devant un verre au bar du club, quel bonheur pour nous trois d'avoir pu voler en affrontant ces éléments météo qui pourraient en dérouter plus d'un. Bref, pas de triomphalisme de notre part, mais une certaine satisfaction d'avoir poser calmement une machine avec une météo qu'il y a encore quelques mois m'aurait cloué au sol.
Vitesse contrôlée, un 180, je sors en bravo et éteint le moteur après une heure vingt cinq de vol. Après un p'tit coup d'œil autour de nous, nous sommes les seuls fondus à voler avec un pareil temps. Tous les avions du club sont au hangar, et je suis quand même surpris car hormis cette approche suivie d'une finale assez meuh meuh, le reste du vol s'est voulu très sympathique. Quelques turbulences sur notre parcours, à mettre sur le compte de l'expérience, n'ont pas du tout entaché cette journée qui s'est voulue récréative mais également riche d'enseignement aussi bien à l'aller avec une gestion du plafond nuageux en milieu montagneux, qu'au retour avec cette approche délicate à gérer avec calme et intelligence.