Le vol de cette journée doit nous amener Jean-Pierre et moi à Montélimar pour une pause déjeuner. Mais avant cela, nous avons prévu une navigation variée qui va nous faire passer par le plateau d'Albion, la vallée de la Drôme et finir par la forêt de Saou qui ressemble à un immense vaisseau boisé encadré par des falaises à pic. Un site géologique unique en France, appelé "synclinal perché".

     Arrivé au club à neuf heures, préparations habituelles dans la phase de la prévol. Météo de feu aujourd'hui même si le vent va quand même nous imposer une grande prudence dans les secteurs montagneux de la navigation. Ce matin sur Avignon c'est du 15G25 annoncé, et guerre mieux sur notre terrain de destination. 
 

   


     Notre appareil du jour, le Cessna 152, Novembre Yankee. Jean-Pierre arrivé une demi heure après moi, me file un coup de main pour amener notre appareil à la pompe pour avitailler en 100 LL. Passage au bar du club pour s'enfiler un p'tit café, il est dix heures passés, et nous voici à bord de notre machine.


carte de la première branche
  

       Mise en route, on entame le roulage à 10h35. Au point d'arrêt Bravo, essais moteurs et checks terminées, nous sommes autorisés à remonter la piste 35. Alignés, nous sommes autorisés avec un vent de 13 kt et 26 en rafales. Comme il est fréquent dans cette configuration, nous décollons court et je maintiens le Cessna en palier le temps que le badin reprenne des couleurs.

        La montée initiale est agitée, quelques coups de manche pour rectifier notre inclinaison et je poursuis la montée. Les zones d'Orange actives, on passe rapidement avec Orange Approche sur 118.92. Je demande de monter 4000 ft QNH, car je sais qu'au dessus de 2500 ft, en règle générale, avec du mistral inférieur à 30-35 kt, au delà de 2500 pieds, les turbulences sont  grandement diminuées.

        Je vole avec une quinzaine de degrés de dérive, grosso modo je vise les Dentelles de Montmirail (à gauche du Ventoux) pour passer à sa droite. On arrive désormais en sortie de CTR, avec le point novembre echo, matérialisé par la ville de Carpentras.


Pernes les Fontaines

Carpentras
 
Le Mont Ventoux

         Sortis de la CTR d'Avignon, je suis libéré par l'approche, et passe sur la fréquence Montagne, car désormais, nous pourrons recevoir aucun ATC, même Marseille Info sera injoignable. On passe maintenant travers Ventoux, et sur notre gauche, le spectacle des gorges de la Nesque.

 


 
Les Gorges de la Nesque
 

          On poursuit notre route au 060, et arrivons en vue des installations de Saint-Christol. Nous sommes maintenant au cœur du Plateau d'Albion qui est situé à cheval sur trois départements: le Vaucluse, la Drôme et les Alpes-de-Haute-Provence. Il est l'ancien site de lancement de missiles nucléaires sol sol balistiques de la Force de dissuasion nucléaire française.


Terrain militaire de St Christol

Ancien silo
 
Ancien silo

          On longe la R11, en repiquant vers le Ventoux, nous faisant passer quasiment à la verticale de la ville de Sault ...


Carte de la seconde branche

Ville de Sault
 
Verticale Aurel
 
          On laisse le Mont Ventoux derrière nous, et faisons route vers le NDB de GAP que nous laisserons de coté une fois arrivés verticale du gros bourg d'allure provençale de Laragne Montéglin, situé à 41 km au sud de Gap et 17 km au nord de Sisteron. Pour éviter les éventuelles déguellantes du relief omniprésent, je décide de monter et de maintenir 5500 ft. Le spectacle du relief sous nos pieds est splendide, surtout que la visibilité aujourd'hui est exceptionnelle.
 

Face Nord du Ventoux

Le Col de l'Homme Mort
 
Les hauts reliefs Alpins tout au fond
 
          Initialement, la route mentionnée sur mon LOG devait nous faire passer au sud du Pic de Lure (5994 ft), mais étant donné que le vent est du Nord, avec une force non négligeable, je décide de me dérouter en passant plutôt au nord. Nous préférons les courants ascendants que rabattants ... c'est la raison pour laquelle nous allons tirer droit sur le terrain de SERRES (voir carte ci dessous).
 

Carte de la troisième branche

 
 
 
          Nous voici travers ville de SERRES, et on chemine désormais la vallée où serpente le Buëch qui est une rivière qui prend sa source au col de la Croix-Haute dans la Drôme. C'est un affluent de la Durance qu'il rejoint à Sisteron.
 

Ville de SERRES

Vallée du Buëch
 
 
          Notre prochain point tournant sera la ville d'ASPRES. En attendant d'y arriver, on se délecte des beaux massifs de part et d'autre de notre appareil. 
 
   
 
         Maintenant que nous sommes arrivés sur Aspres, je prends un cap au 280° pour cheminer la vallée de la Drôme qui doit amener à la forêt de Saou.
 

Ville d'Aspres
  
 
         Pour pouvoir passer au dessus de la forêt en sécurité, il est impératif de prendre de la hauteur. Nous montons donc à six milles puis 6500 ft stable. Les turbulences jusque là absentes, hormis lors de la phase de montée initiale à l'issu du décollage, deviennent plus insistantes sans pour autant nous déranger énormément, hormis pour Jean Pierre qui doit doubler les photos pour être certain d'en réussir quelques unes. :-)
 
 
L'avant dernière branche nous amène à la forêt de Saou
 

         Pour éviter de se faire surprendre par le massif de la Servelle (5292 ft), je décide de passer au nord pour éviter les courants descendants situés sur notre route. Maintenant, nous voyons sur notre droite la forêt tant convoitée ...
 
 
   
 
La forêt de Saou

         Le synclinal perché de Saoû date d'environ 80 millions d'années. Il s'est formé en même temps que l'apparition des Pyrénées, due au choc de deux « plaques », ce qui explique leur orientation est-ouest. L'érosion des deux anticlinaux dominant le synclinal, a fait que ce synclinal est devenu le « point haut » du pli, c'est une inversion de relief et le synclinal est devenu « perché », son altitude est plus élevée (environ 450m) qu' aux abords (environ 300m).

   
 
         Ce relief a 13 km de long sur 3 à 4 km de large, avec deux accès : le Pertuis et le pas de Lausens ; la cuvette est couverte d'une belle forêt aux essences variées, de quelques terres cultivables. Il y coule une rivière, la Vèbre. La faune et la flore, protégées par la barrière naturelle et aussi grâce à la situation intermédiaire entre le Vercors et le Ventoux, y sont exceptionnelles par leur diversité.
 
 
   
         
         Au fur et à mesure qu'on tente de se rapprocher du massif de Saou, les secousses deviennent plus importantes ... le vent violent du Nord combiné au relief, et les nuages avec qui nous flirtons à plus de 6000 pieds auront raison de nous. Nous passons cinq bonnes minutes à la machine à laver, programme essorage. Bien calmé par la lessiveuse, je décide de descendre gentillement sur Montélimar, ce n'est pas aujourd'hui que l'on pourra faire le tour de la forêt de Saou.
 
 
La dernière branche avant la pause déjeuner

 

         On laisse derrière nous les reliefs pour rejoindre maintenant la vallée du Rhône et le fleuve qui porte son nom ... 


Forêt de Saou

Centrale au nord de LFLQ
 
Terrain en vue

         J'affiche 123.50 sur le COM1, et m'annonce à 3 minutes de la verticale terrain. Sans surprise, se sera la piste 02 avec un vent qui va m'occuper durant toute la phase d'intégration et d'atterrissage.


Verticale Terrain

Finale en pleine dérive
 
Passage des 15 mètres


          Vitesse contrôlée, je sors à la brettelle centrale de la piste en herbe. Je roule vers le parking face au musée de l'Aviation de Chasse. Je coupe le moteur, une heure vingt cinq bloc à bloc. Cessna 152 parké face au vent, commandes bloquées, cache pitot placé, on se dirige vers le restaurant du terrain, que je recommande pour sa cuisine fort sympathique, un tarif attractif,un accueil agréable, mais surtout à 50 mètres du parking aviation.