Depuis 2008, j'ai eu l'occasion de me rendre sept fois en Corse aux commandes d'un appareil de l'aéro-club. Aussi bien Calvi, Bastia qu'Ajaccio. Je garde Figari pour une escale qui devrait nous amener en Sardaigne. En effet, j'ai deux projets de voyage sous le coude avec Laurent ou Jean-Marie. Bref, ce dimanche 22 septembre 2013, je retourne sur l'île de Beauté en compagnie de Laurent et sa p'tite famille. On choisit Ajaccio, car Laurent connaît déjà les installations de Calvi, autant découvrir pour lui un nouveau terrain.

La météo de cette fin septembre est radieuse sur le grand sud, pas de vent et un thermomètre estival. Pour profiter de la journée, on décide de partir plus tôt que d'habitude. De mon coté, j'arrive au club peu après 08 heures. Première action, j'allume un des deux micros dédiés à la préparation des vols. Un dernier coup d’œil à la météo, j'imprime les TEMSI France et Euroc (cette dernière pratique pour anticiper l'évolution météo), Wintem confirme que le vent sera très faible et les températures estivales (ISA+10 annoncée), les Notam quant à eux sont favorables à la navigation. Pour éviter les zones militaires du Luc (peu avant Saint-Tropez), je décide de mon niveau de croisière au FL075.

Je dépose le plan de vol à 08H20 pour une départ 09H15. Ca me laisse une petite heure pour préparer la machine. Les niveaux contrôlés, les vitres nettoyées, j'appelle le camion citerne pour rajouter 20 gallons de plus dans les réservoirs de notre Cessna 182 SMA. Notre moteur consomme 10 gallons de kéro à l'heure, avec 70 gallons dans les ailes, on est largement peinard si nous devions dérouter en Italie ou en Sardaigne le cas échéant.  Laurent et sa p'tite famille arrive sous les coups de 08h30, le temps pour lui de gérer le remplissage en carburant avec le soutier, et moi m'assurer des derniers préparatifs. Neuf heures, nous nous équipons des gilets de sauvetage sur le tarmac d'Avignon. Installés à bord, les caméras (Sony HD et GoPro II) connectées sur la radio de bord, le moteur en chauffe, j'appelle la tour de contrôle pour les consignes de roulage.

Neuf heures quinze, roulage vers le point d'arrêt Bravo de la piste en service, la 35. Pour une fois, on est pile-poil synchro avec le plan de vol déposé. Arrivée estimée à 11h15 à Ajaccio. Air calme, tempête de ciel bleu, température douce en cette matinée, nous voilà dans les airs en montée au FL075. La puissance du Cessna est appréciable, aussi bien son pas variable que son moteur turbo-propulsé. Nous voilà rapidement au niveau 075 avec Provence Information. Travers Aix en Provence, verticale Pertuis (84), on passe avec Marseille Information ... ce matin, c'est plutôt calme n fréquence. Nous filons à un petit 130 nœuds sol, avec une légère composante de vent de face.

Nous voilà à une vingtaine de miles de Saint-Tropez, on passe avec Nice Information, à qui je confirme mes intentions de passer par la route publiée la plus au sud, c'est à dire Alpha-Delta et Lonsu. En évitant Merlu, on gagnera une bonne dizaine de minutes. On passe verticale STP (le VOR de Saint-Tropez) puis on attaque la traversée. Depuis le départ, le ciel brumeux confirme qu'au dessus de la mer méditerranée, les conditions VSV sont bien présentes. Au club, nous subissons une formation spécifique pour ces traversées  qui débouchent sur une mention sur le carnet de vol "lâcher traversées maritimes. Ce précieux sésame permet de rejoindre l'île de Beauté à bord de nos machines. Bref, nous voilà à plusieurs dizaines de nautiques du continent, que l'on distingue à peine. A dire vrai, se sont les hauts sommets alpins que l'on distingue, dépassant de l'épaisse souche de brume qui émerge du sol. Devant, ce sont à leur tour, les sommets Corses qui apparaissent au loin. Finalement, la visibilité horizontale s'améliore au fur et à mesure que nous progressons vers l'Est.

 

 


carte OACI Transit Continent - Corse

 

 

Peu avant LONSU (voir vidéo), nous quittons Nice Info pour passer avec le SIV d'Ajaccio. En fréquence, nous entendons (écoutez bien sur la vidéo, les communications du pilote du Morane. En effet, aujourd'hui, c'est une date peu commune. Cent ans après Roland Garros, Baptiste Salis aux commandes de la réplique du Morane-Saulnier Type G relie Fréjus à Bizerte (Tunisie). Il l'a fait en 7 heures et 44 minutes de vol. En fréquence, le pilote et son escorte sont tout à fait audibles. Évidement je n'ai pas laissé la caméra filmer non stop, se ne sont que des extraits qui sont perçues.


Bref, comme d'habitude, si j'osais dire, on doit rappeler Novembre Whisky (peu avant les îles sanguinaires) établis à 2000 ft. Dans ce sens c'est 2000ft, dans l'autre c'est 1500 ft. Bref, pour gagner encore un chouilla de temps, on entre dans le GNS430 le calcul de la TOD (top of descent), c'est à dire le moment à partir du quel j'attaquerai la descente. Connaissant mieux ce Cessna, je sais qu'avec un variomètre de 400 ft/mn, je n'aurais pas besoin de réduire la puissance moteur. En demandant un GNS d'être à 2000 ft QNH, 5 NM avant NW/LFKJ, y'a plus qu'à attendre l'ouverture de la mention MSG pour connaître le moment avant d'attaquer la mise en descente. L'île de Beauté sur notre flanc gauche bien en vue, je libère le FL075 pour 2000 ft QNH 1023 avec un taux de descente de 400ft/mn. Vitesse affichée 135 kt, vitesse au sol approchant les 150 kt, on fuse bien rattrapant ainsi le temps de la montée en niveau de vol du départ.

Mes passagers ne connaissant pas les lieux, je décide de faire un léger crochet par le golfe de Porto, puis en longeant la côte pour les îles sanguinaires. On passe NW/LFKJ, puis à 30 secondes de Whisky, le contrôle me donne le point suivant, que l'on pensait inespéré : Whisky Alpha. Je vous dis pas la joie à bord, car ce point coïncide avec un transit au plus près de la ville d'Ajaccio. Et l’excitation se poursuit une fois atteint ce point, quand le contrôleur nous propose une intégration vent arrière piste 20 main droite, nous faisant de ce fait passer au dessus du port d'Ajaccio !!!

Le top, une arrivée non publiée à 1100 ft mer, au dessus du port, en lisière de la ville, j'y crois pas. Même en simulation, je n'avais joué ce scénario là en VFR. En liner en IFR, oui bien sûr, mais en VFR à mille pieds, jamais.

 


 Extrait VAC LFKJ - en rouge notre transit

Trace Air Nav Pro

 

 Quelle euphorie pour les deux pilotes du Cessna, même nos passagers arrières (n'ayant pas de connaissances aéros) ont apprécié le spectacle du survol de la ville. Je passe derrière la p'tite colline située aux abords du stade de football puis m'intègre sur une longue base. Numéro un, en finale, on atterrit face à la mer après un peu moins de deux heures de vol. Piste dégagée, on roule pour le parking d'aviation générale situé derrière la tour de LFKJ. Trace téléchargeable ICI : à ouvrir avec Google Earth.

Arrêt moteur, le relève le compteur de l'horamètre. Deux heures deux minutes de vol, bloc à bloc, et 240 Nm effectuées. On quitte le terminal après avoir été transporté par la navette entre le parking et le PIF.  Vingt minutes plus tard, nous voilà sur le port d'Ajaccio, à siroter un verre ...

 
  Ci dessous, la vidéo de la branche aller, montée quasiment sans montage, avec la bande son Live et les blancs tels qu'ils étaient ... après l'atterrissage, tout le roulage qui peut paraître inintéressant pour les uns, instructif pour les autres.

 

 
NOTA : La priorité en vol est avant tout de tenir les commandes. La caméra placée sur le tableau de bord soumise aux vibrations du moteur fait onduler l'image sur la dernière partie du vol.