Premier vol en famille
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Trois jours après l'obtention de mon brevet, je peux désormais transporter des passagers. Le fait même d'être pilote privé ne fait pas de moi un maître en aviation légère, c'est la raison pour laquelle je vais commencer léger. |
Emma qui n'a eu qu'une toute petite expérience de l'aéronautique, va être ma première passagère. Nous allons faire très simple en restant sur Avignon et ses proches alentours. Au parking, je suis surpris par sa décontraction et me pose une tonne de question. Je commence à toucher du doigt la difficulté de ce que va être de voler désormais avec des passagers à bord. La gestion de l'appareil commençant à devenir plus facile par la mise en place d'automatismes simples, je suis un peu plus disponible pour les autres, mais faut pas quand même trop m'en demander.
Je lui explique que dès qu'elle entendra des personnes conversais à la radio, elle ne doit plus parler pour que je puisse comprendre ce qui se dit. Malgré ses cinq ans et demi, elle a bien assimilé la chose et se montrera discrète tout au long du vol dès que la radio se fît entendre.
Aujourd'hui, le temps est chaud et lourd. Trente degrés, des averses passagères, on se croirait aux Antilles tellement la moiteur est présente. Clearence tour obtenue, je roule en bravo. Au point d'arrêt, j'effectue mes checks et mes briefings sécurité à haute voix mais loin du micro afin qu'Emma n'entende pas ce que je dise. Pas la peine de l'effrayer avec ça, en cas de soucis majeurs, je gérerai pour elle.
On remonte la piste, et elle me lance "Papa c'est comme à la maison sur ton ordinateur". Excellent, tout de même la remarque. Bref, on s'aligne et décolle en 35. Vent de 10 kt et 16 kt en rafale, autant dire rien du tout. Rotation ... et vous verrez sa tête sur la vidéo en bas de l'article ... évidemment je ne l'ai vu que sur la vidéo, et forcément, quand on voit sa propre fille réagir de cette manière, on est quand même satisfait d'apporter autant de plaisir. Je commence à comprendre ce que ressentent les instructeurs quand leurs élèves ont la banane.
On survole son école, le bureau de sa mère, et à Novembre Alpha (la Barthelasse) on vire à Whisky pour survoler les ponts, la grande roue, chère à Emma. Arrivés à Whisky, la tour nous met en attente car un baron 58 en approche IFR doit arriver dans trois minutes. Aucun souci, on vire, on tourne au plus grand plaisir d'Emma. Franchement le temps est un peu couvert mais l'air est d'un calme total. Pas une saccade, pas de turbulence, rien ... à ce moment là, je me tâte pour demander le Pont du Gard à seulement 8 minutes de là. Mais je me ravise, c'est son premier vol, on va y aller en douceur. Avec un adulte, j'aurais poursuis mais une enfant qui viendrait à être malade, je n'ai pas envie de le gérer.
Après 5 minutes d'attente, Emma en a pris pleins les yeux, on remonte la Durance, puis en base, la tour fait quand même remonter le 182 du club ! Obligé d'allonger ma base vers le pont TGV, pour revenir dans l'axe, je m'annonce en finale alors que le Cessna 182 se fait rappeler à l'ordre par la Tour car il traine à décoller !
Axé, mais forcément au dessus du plan, j'allonge ma courte pour me poser à mi piste, pleins volets à 60 kt ... l'arrondi est moyen, en m'efforçant surtout de poser assez léger de façon à ne pas traumatiser ma première passagère.
A priori heureuse, ma petite Emma me demande quand est-ce qu'on revolera ensemble ? sa question me permet de me rendre compte à quel point ce vol s'est bien passé. Avec 25 minutes de vol, pour un premier vol aussi bien déroulé avec passager, qui plus est avec sa petitoune, que demander de plus ?
