Raid Afrique - Etape 44: In Salah - El Golea |
C’est décidé. Nous ne passerons pas la nuit ici. Nous nous préparons pour repartir immédiatement, non sans avoir pris la précaution de vérifier qu’au moins l’une des deux pistes de notre aérodrome d’arrivée était éclairée. Or, c’est bien le cas de la 18 – 36 à El Golea.
En attendant le décollage pour cette étape quasiment nocturne, nous admirons le spectacle au-dessus de nos têtes. Le ciel est une splendeur. Les premières nuances rosées apparaissent déjà sur l’horizon, là où l’étoile du jour commence à sérieusement flirter avec le bout du monde. Les minutes qui viennent promettent d’être encore plus belles.
Lorsqu’on nous remontons la 05 avant de nous aligner, un petit Cessna espiègle, visiblement démangé par l’envie de venir nous taquiner, remonte lui aussi la piste derrière nous. Ce pilote fait preuve d’un sacré toupet tout de même ! Nous lui brûlons la politesse et nous mettons pleins gaz avant qu’il n’ait eu le temps de faire ouf…
La magie, elle, vient des ombres au sol qui s’étirent en formant des dessins irréalistes. Quels sont donc ces animaux rampants aux membres déformés et aux têtes monstrueuses. Extra-terrestres, ou grands reptiles préhistoriques ? Eh bien, non… Ce sont tout simplement nos propres avions, transformés en mutants du crépuscule.
Nous prenons de l’altitude dans un décor captivant. Le ciel est magnifique, dégagé, avec quelques légers bancs de stratus en suspension qui lui donnent une allure de film à grand spectacle. Au sol, l’ombre des reliefs esquisse de jolies nappes sombres en faisant ressortir le contraste avec le sommet de collines encore baignées par la lumière rasante. C’est bientôt une féerie de lumières et de couleurs, depuis le jaune flamboyant jusqu’au bleu profond en passant par toutes les nuances du rouge et du rose. Dans un contre-jour parfois saisissant, nos C47 ressemblent à de grands oiseaux migrateurs en train de jouer avec les vents et les premiers mystères de la nuit naissante.
Il est temps d’en profiter car les ténèbres nous envahissent brutalement. Quelqu’un vient d’appuyer sur l’interrupteur, nous obligeant à piloter désormais aux instruments.
Après quelques 200 NM de vol, nous apercevons la balise de localisation de l’aérodrome d’El Golea. L’approche n’est pas trop difficile puisque la piste est pour ainsi dire dans l’alignement de notre route. Réduction des gaz, volets, sortie du train, et nous voilà sans tarder stationnés devant l’aérogare, illuminée de tous ses feux.
Après cette longue journée, nous bâillons à nous décrocher la mâchoire ! Il temps d’aller faire dormir les yeux. Demain, il fera jour.